Mactar Silla, directeur général de la Radiodiffusion-télévision sénégalaise (RTS), a séjourné dans l’île au début de l’été, à l’invitation de l’office d’Information du gouvernement. Il s’est entretenu avec Radio Taipei International (Central Broadcasting System, CBS) d’une possible collaboration avec Taiwan dans les médias. Voici quelques brefs extraits de cette rencontre
Central Broadcasting Corporation : Comment envisagez-vous la forme que pourrait prendre une collaboration entre la RTS et CBS qui appartiennent l’une et l’autre au secteur public ?
Mactar Silla : Il existe déjà une collaboration très dynamique entre Taiwan et le Sénégal : regardez les milieux d’affaires, la visite de Chen Shui-Bian au Sénégal [début juillet] ou bien le sport [l’équipe sénégalaise de football a fait un passage à Taiwan, après son retour de la Coupe du monde de football].
J’ai rencontré le président de votre radio, Chou Tenray, au cours de ce séjour… Des accords pourraient être très rapidement mis en place. Nous possédons neuf stations régionales — le même nombre que CBS — et on pourrait par exemple envisager un jumelage tout azimut, de chacune des stations. Un échange de programmes peut très bien être mis en œuvre : les émissions de CBS pourraient ainsi toucher la communauté taiwanaise au Sénégal, voire chinoise, dans la région d’Afrique occidentale.
De notre côté, RTS, qui est diffusée sur satellite Worldspace, pourrait toucher un public francophone plus large en visant l’Asie. La clé pour une expansion des médias à l’international : être présent. En outre, un échange de personnel au sein des différentes rédactions me paraît réalisable, et permettrait d’accompagner l’effort des pouvoirs publics dans nos pays, pour renforcer les liens de coopération.
CBS : Quels intérêts les deux pays ont-ils à développer ce type d’échanges ?
MS : Taiwan et le Sénégal ont tout à gagner à consolider ces liens. Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Le Sénégal est un petit pays mais dont l’influence est grande : il est présent sur la scène internationale, en politique (le directeur de la FAO — Organisation pour l’alimentation et l’agriculture —, Jacques Diouf, et le numéro deux des Nations unies, Ibrahim Affal, sont Sénégalais), en musique (Youssou N’Dour), en sport (football, karaté)… De la même manière, Taiwan, qui est politiquement reconnue par peu de pays, a réussi à se hisser à un niveau de leader en matière de nouvelles technologies. Nous avons beaucoup à apprendre de l’expérience taiwanaise. Il faut être pionnier dans son domaine, et c’est sa tradition démocratique (le fameux arbre à palabres) qui permet au Sénégal de se choisir un allié diplomatique comme Taiwan, contre le courant politique mondial.
Dans le monde du tout télécommunication, il convient d’utiliser tous les supports, toutes les techniques… On ne peut plus envisager un monde aujourd’hui sans communications : c’est de cette manière que l’on peut véritablement influencer la politique internationale. Il faut donc produire du contenu, c’est-à-dire mettre l’accent sur les programmes, sur la diversification pour avoir une voix universelle. C’est la bataille du contenu, dans laquelle la taille du pays ne doit pas être un frein : la technologie permet de viser un public mondial, il faut donc voir grand pour exister dans un monde global...
Radio Taipei International est diffusée
sur ondes courtes et sur internet
www.cbs.org.tw/French/index.htm